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Publiée le 21 janvier 2025

[Rédaction du Lab] Distill’inno, un projet pédagogique autour de la distillation

Depuis décembre dernier, Fabien Capezutti, professeur d’histoire-géographie au lycée agro-viticole de Jonzac, pilote avec ses élèves sur le projet Distill’inno. Financé par l’Union Européenne dans le cadre du programme Erasmus+, ce projet a pour ambition d’élargir les connaissances et les compétences des élèves en matière de distillation.

AANA : Fabien Capezutti, pouvez-vous vous présenter, s’il vous plaît ?

Fabien Capezutti : « Je suis professeur d’histoire-géographie à l’Agrocampus de Saintonge, plus précisément sur le site du Renaudin à Jonzac, établissement à forte orientation viticole compte tenu de sa localisation, en plein cœur du vignoble cognaçais. »

AANA : Qu’est-ce que le projet Distill’inno ? Comment est-il né ?

Fabien Capezutti : « Nos élèves évoluent dans un environnement très marqué par le cognac : ils y pensent, ils y travaillent, et appliquent les standards imposés par les grandes maisons, sans réelle ouverture sur d’autres pratiques. Mon objectif, en tant qu’enseignant, est de développer leur esprit critique et leur capacité d’adaptation.
Le marché du cognac est tourné à 97 % vers l’étranger. Si ça se passe mal à l’export, que ferons-nous de notre cognac ? La question se pose d’autant plus que la situation se tend avec les taxations de la Chine, et probablement celles futures des États-Unis de Donald Trump. Le marché du cognac n’est plus aussi flamboyant qu’hier. Il faut donc qu’ils se diversifient et qu’ils s’ouvrent à ce qui se fait ailleurs en termes de distillation, de nouvelles méthodes de travail, de nouvelles technologies et de nouvelles pistes de réflexion. Nous avons trois filières au lycée : une filière grandes cultures, une filière viticulture et une filière vente. On s’est dit que ce serait super pertinent d’associer ces trois filières autour d’un projet de création de produit. »

AANA : Comment ce projet est-il financé ?

Fabien Capezutti : « Le projet bénéficie d’un financement de 250 000 euros grâce au programme Erasmus+. J’ai imaginé ce projet, mais jamais je n’aurais pu le mettre en place sans Agnès Soulard de l’AANA, qui m’a accompagné dans la construction, la rédaction et dans la recherche des partenaires. Nous allons emmener les élèves en Nouvelle-Aquitaine pour découvrir d’autres méthodes de distillation, ensuite nous irons au Portugal pour rencontrer nos partenaires italiens, portugais et d’autres partenaires français. Enfin, nous nous déplacerons à Forcalquier, dans le sud-est de la France, à l’Université des Saveurs et des Senteurs, afin de mettre en place une méthodologie de travail guidée par les élèves. Cette première promotion du projet concerne quinze élèves et trois adultes. »

AANA : Comment les élèves se sont-ils approprié le projet ?

Fabien Capezutti : « Ils sont hyper motivés, conscients de l’opportunité unique qui leur est offerte. Ils se sont déjà beaucoup investis dans le projet et ont déjà bien travaillé. Ils sont partis à la découverte du monde, ont fait des recherches sur d’autres façons de distiller, parfois complètement artisanales, parfois complètement invraisemblables. Ils ont vu qu’on pouvait tout distiller, que tout était faisable.
Je leur ai proposé d’imaginer un nouveau produit. Ils ont fait preuve d’une grande créativité et ont élaboré un cahier des charges que nous soumettrons à l’ensemble de nos partenaires européens »

AANA : Quel est l’objectif final de ce projet ?

Fabien Capezutti : « L’objectif est de concevoir un produit original que nous espérons pouvoir produire au sein de notre établissement et commercialiser dans notre salle de vente. Il viendrait enrichir notre gamme actuelle composée notamment de Pineau des Charentes, de cognac et de jus de fruits. Ce serait une belle concrétisation pour nos élèves et notre lycée. »