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Publiée le 3 novembre 2025

Récolte de blé 2025 : entre performances techniques et tensions économiques

La moisson 2025 s’annonce contrastée. Si les rendements sont au rendez-vous, la rentabilité, elle, n’est pas au niveau attendu. Avec 33,4 millions de tonnes récoltées pour une moyenne de 7,44 tonnes par hectare, la France confirme son potentiel productif. Pourtant, le contexte économique et commercial rend cette récolte difficilement valorisable.

Des rendements solides, mais une surface en recul

Malgré des conditions de culture plus favorables que l’an passé, les surfaces emblavées ont diminué de près d’un demi-million d’hectares. De nombreux agriculteurs ont fait le choix du colza, jugé plus rentable. Résultat : près de 3 millions de tonnes de blé n’ont pas été produites, selon Argus Média France.

Des prix sous les coûts de production

Les marchés ne suivent pas. Le prix du blé sur le port de Rouen reste environ 30 € par tonne en dessous du coût de production, estimé à 200 €/t. La force de l’euro face au dollar aggrave la situation : à 1,17 €/USD, la tonne de blé vaut 30 € de moins qu’en début d’année. Pour beaucoup d’exploitants, la marge est donc quasi nulle, voire négative.

Des exportations freinées par la concurrence

Sur le plan international, la France devrait exporter à peine 8 millions de tonnes de blé vers les pays tiers : principalement le Maroc, l’Afrique subsaharienne et l’Égypte. Mais la concurrence est rude. La Russie, la Roumanie et l’Ukraine affichent des volumes record et cassent les prix sur les marchés. Les débouchés historiques, notamment la Chine et l’Algérie, se réduisent. Cette dernière, en désaccord diplomatique avec Paris, s’approvisionne désormais majoritairement en blé russe.

Une offre mondiale excédentaire

L’Union européenne affiche une production en forte hausse (+21 Mt sur un an), tandis que les stocks mondiaux atteignent des niveaux records : 4 Mt en France, 19,4 Mt dans l’UE et près de 70 Mt dans les grands pays exportateurs. Cette abondance pèse durablement sur les cours et limite toute perspective de rebond rapide.

Une filière en recherche d’équilibre

La situation met en lumière la fragilité économique du modèle céréalier français, dépendant des fluctuations mondiales et de la parité monétaire. Pour maintenir la compétitivité, les experts appellent à une meilleure gestion des stocks, à la diversification des débouchés et à l’innovation dans la valorisation des blés — y compris à travers les circuits courts, la meunerie régionale et les filières de qualité.

Données reprises depuis l’article original de Frédéric Hénin : L’information Agricole, octobre 2025