[Rédaction du Lab] L’AANA s’engage : soutien à une exploitation aux pratiques vertueuses
Labellisés AFNOR « engagés RSE » niveau confirmé depuis juillet 2024, nous avons souhaité accompagner un projet agricole engagé dans l’adaptation au changement climatique, en partenariat avec l’ACCLENA. Notre choix s’est porté sur le GAEC La Folie, piloté par Guillaume Liaud à Noirterre.
Des libellules, des radis inattendus, une “Tagada” (pas la fraise ! Mais une jolie vache) : voilà ce que l’on découvre chez Guillaume Liaud.
Cette diversité raconte déjà beaucoup : un élevage où la biodiversité se porte bien, des sols vivants et un jeune agriculteur animé par le désir de produire autrement.




Guillaume Liaud, un jeune éleveur déjà fortement engagé
À 28 ans, Guillaume Liaud représente cette nouvelle génération d’agriculteurs qui veulent concilier performance, autonomie et respect du vivant.
Installé depuis le 1er janvier 2022, il reprend progressivement l’exploitation familiale créée en 1932, qui comptait à l’origine 8 hectares. Aujourd’hui, le GAEC La Folie s’étend sur 235 hectares, dont 30km de haies précieusement entretenues, au cœur du bocage bressuirais dans les Deux-Sèvres.
Une mosaïque de prairies permanentes (10 %, soit 25 ha), 150 hectares de prairies temporaires intégrées dans une rotation longue de 7 ans favorable au stockage de carbone, des céréales (maïs, orge, blé, avoine) et des légumineuses (trèfle et pois)
Un climat typique du secteur : été sec, hiver humide, nécessitant une gestion fine de l’herbe et des cultures
Des animaux nourris avec beaucoup de soins : feuilles de trèfle, tourteau de colza, herbe, maïs, sel et minéraux et céréales produites sur l’exploitation
Une exploitation structurée et dynamique
2 gérants
2 apprentis
1 salarié à mi-temps
Un double élevage : laitier et viande
Une production de lait destinée à l’AOP Beurre Charentes-Poitou
L’exploitation compte 70 vaches Prim’Holstein, avec une salle de traite traditionnelle pour laquelle un projet de robot de traite est envisagé.
Guillaume a fait le choix de dédier 100% de la production – soit 600 000 litres par an – à la laiterie de Pamplie, pionnière du sans OGM, et intégrée à la filière AOP Beurre Charentes-Poitou.
Un ancrage local fort qui motive encore davantage Guillaume dans sa recherche permanente de réduction de son empreinte carbone et de préservation de la biodiversité.
Viande : une valorisation locale et internationale
Outre son activité laitière, Guillaume dispose d’un cheptel de 60 vaches de race limousine. L’abattage est ultra local, à Bressuire et la viande est vendue à Rungis. Les mâles de l’exploitation sont engraissés sur place puis exportés vers la Grèce et l’Italie.




Pourquoi l’AANA soutient-elle ce projet ?
« Soutenir le projet porté par le GAEC La Folie s’inscrit pleinement dans la stratégie carbone que nous développons depuis ces deux dernières années. Nous avons choisi d’accompagner cette exploitation pour la cohérence et la solidité de sa démarche : un diagnostic précis, des pratiques agroécologiques déjà ancrées et une volonté affirmée de les faire progresser.
L’engagement de Guillaume Liaud en faveur de la biodiversité, du stockage de carbone et de l’autonomie alimentaire en fait un acteur exemplaire des transitions agricoles que nous souhaitons encourager en Nouvelle-Aquitaine. »
Julien Toueille, directeur de l’AANA.
Un projet ACCLENA suivi sur 5 ans
Dans le cadre de sa politique de contribution à la neutralité carbone, l’AANA a choisi de financer le projet proposé par Annabelle Gallitre de l’ACCLENA, et accompagné techniquement par Sylvain Souchet (Chambre d’Agriculture Charente-Maritime – Deux-Sèvres).
Les objectifs globaux du projet retenu sont vertueux :
- Atténuer les émissions de gaz à effet de serre de l’exploitation
- S’adapter aux évolutions du climat
- Améliorer durablement le stockage de carbone
- S’impliquer dans la filière laitière AOP Beurre Charentes-Poitou, fortement engagée sur le volet climatique
Les résultats attendus sont une réduction de 12 % d’émissions de gaz à effet de serrede l’empreinte carbone nette de l’exploitation à la fin du projet
Ces objectifs sont mesurés grâce à un diagnostic et un suivi régulier permet de mesurer les effets des pratiques mises en place dans le but d’obtenir le Label Bas carbone mis en œuvre par le Ministère de la transition énergétique.
Concrètement, quelles actions sur l’exploitation ?
L’alimentation du troupeau, un levier essentiel : Guillaume remplace le tourteau de soja par du tourteau de colza local, moins émetteur de gaz à effet de serre. Il recherche le maximum d’autonomie alimentaire : cela passe par la présence de légumineuses riches en protéines dans les prairies, la culture des céréales autoconsommées par ses vaches. 4 à 5 coupes d’herbe sont réalisées chaque année sur certaines prairies, ce qui lui permet de fournir un fourrage de grande qualité pour son troupeau. Autre atout important, environ 60ha de prairie autour des bâtiments lui permettent de faire pâturer ses animaux.
Enfin, le fumier issu des troupeaux bovin lait et bovin viande lui permet d’économiser sur les engrais chimiques achetés.
Les prairies sont l’un des piliers du projet car elles sont capables de stocker efficacement le carbone : Guillaume augmente leur présence et la durée des prairies temporaires au sein de ses rotations. La nature bocagère du secteur (haies, ombrages, zones humides) permet cette culture basée sur l’herbe, le pois, le trèfle, le ray grass, la fétuque, la phacélie… Objectif : favoriser au maximum la diversité.








« Je ne veux pas que mon troupeau soit une infirmerie ni avoir le réflexe abattoir dès que certaines vaches ne répondent plus à nos attentes. Alors j’ai réfléchi à préserver leur longévité et leur robustesse en croisant les races et en minimisant le nombre de génisses.
Je suis aussi en lien avec le contrôle laitier pour ajuster au mieux leur alimentation. Les prairies font toute la différence : elles apportent l’herbe fraîche, un affouragement en vert et du pâturage. Car oui ici les vaches pâturent, le bocage bressuirais nous le permet ! Elles sortent de leur plein gré la nuit pour manger et dormir »
Guillaume LIAUD
En somme : un modèle d’exploitation résiliente et inspirante
En soutenant le GAEC La Folie, l’AANA contribue à accompagner une exploitation jeune, autonome, innovante, fortement engagée dans la filière AOP Beurre Charentes-Poitou et porteuse de pratiques vertueuses pour le climat, la biodiversité et les sols.
Guillaume Liaud illustre parfaitement comment une exploitation familiale peut évoluer, se diversifier et s’adapter, tout en restant profondément ancrée dans son territoire.
Un engagement fort pour les sols : le label “Au Cœur des Sols” (Groupe DEFI)
Guillaume est membre d’un collectif de 14 agriculteurs (volaille, ovins, bovins) accompagnés par la Chambre d’Agriculture.
Leur philosophie : remettre le sol au centre.
Principes appliqués :
- Agriculture de conservation (3 à 4 % des agriculteurs en France seulement)
- Réduction du labour, moins profond, sans retournement
- Matériel plus léger, pour limiter le tassement
- Baisse progressive des intrants, notamment phytosanitaires
- Mise en place de couverts végétaux : tournesol, sorgho, radis, phacélie…
- Récupération des graines, autonomie renforcée
- Installation de bandes fleuries, favorables aux pollinisateurs : abeilles, libellules…
- Autant d’actions qui expliquent la présence… des fameuses libellules et radis inattendus !