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ACTUALITÉ
Publiée le 4 juin 2024

[Rédaction du Lab] Les produits sous SIQO face au Nutriscore

Mis en place par le gouvernement français en 2017, le Nutriscore est un système d’étiquetage nutritionnel placé sur le devant des emballages alimentaires destiné à informer sur la qualité nutritionnelle des produits. S’il arrive à convaincre de nombreux pays européens qui l’ont déjà adopté, il subit également de nombreuses critiques. En 2024, son mode de calcul évolue mais ne satisfait toujours pas certains acteurs de produits sous SIQO, injustement pénalisés par le Nutriscore.

Non ciblé mais pourtant impacté

Depuis son application en 2017, le Nutriscore n’en finit pas de déclencher des débats et des controverses avec des produits emblématiques de la gastronomie française qui se voient affubler d’un E rouge, à savoir la plus mauvaise note possible. Leur(s) faute(s) ? Contenir trop de gras, de sel, de sucre ou de sel. Ce Nutriscore avait notamment pour but d’inciter les industriels de l’agro-alimentaire à modifier leurs recettes pour obtenir une meilleure note sur leurs emballages. Mais que peut faire un produit sous SIQO lorsque celui-ci doit respecter scrupuleusement une recette ou un cahier des charges ? La notation vire même à l’absurde lorsqu’il s’agit de noter le sel, évidemment trop salé, ou le beurre qui doit contenir 80% de matière grasse. Malgré une tentative de dialogue des interprofessions et des AOP avec le gouvernement, les acteurs des produits sous SIQO regrettent de ne pas toujours trouver une oreille attentive aux problèmes que leur pose le Nutriscore. Il y a bien eu cette année une évolution de son mode de calcul, mais cela n’a pas suffi à satisfaire les attentes des porteurs d’Indications Géographiques.

Qu’en pensent les professionnels de produits sous SIQO ?

Laurent Chupin, Directeur de l’Association Centrale des Laiteries Coopératives Charentes-Poitou (ACLCCP) qui produisent le beurre Charentes- Poitou AOP, ne se fait guère d’illusions sur les discussions futures : Nous n’arriverons pas à obtenir l’exemption du Nutriscore pour les produits sous SIQO. Aujourd’hui, l’État français est très focalisé sur cet affichage, et il n’y aura pas de marche arrière. Il faut reconnaître que le Nutriscore a pu avoir des effets positifs sur une typologie de produits ultra-transformés. Nous ne sommes pas la cible, et pourtant nous sommes impactés. Le beurre est gras, certes, mais même le PNNS reconnaît qu’il contient des acides gras que le corps n’est pas capable de produire, indispensables au développement d’un organisme en bonne santé.”.

Une remarque qui rejoint une des principales critiques faites au Nutriscore : il ne tient pas compte des quantités consommées quotidiennement.

Isabelle Chalan, Directrice du Consortium du Jambon de Bayonne, réunissant les opérateurs de la filière Jambon de Bayonne IGP, n’est pas plus optimiste et en veut à ce système de notation inadapté, selon elle, aux produits sous SIQO : “Le Nutriscore est une guerre perdue d’avance. Il y a eu un choix politique qu’il est impossible de discuter puisque personne ne nous écoute : ils ont décidé de mettre un Nutriscore pour dire au consommateur ce qui est bon et ce qui n’est pas bon, sans parler nulle part d’équilibre alimentaire. Il s’impose partout, va devenir obligatoire et je comprends par ailleurs ses bienfaits sur certains produits. Mais attention : combien de fois allez-vous manger du jambon de Bayonne dans l’année ? La note occulte notre cahier des charges, la RSE, et le consommateur ne retiendra que le prix in fine.”

Le consommateur saura-t-il faire la part des choses ? Les professionnels veulent le croire, mais ne disposent pas encore de données sur l’impact du Nutriscore sur leurs ventes.

Pour aller plus loin…

Nutri-Score : le point sur les nouveautés 2024 : https://www.santepubliquefrance.fr/les-actualites/2024/nutri-score-le-point-sur-les-nouveautes-2024